Les Guides des vins (de France)

Les guides œnologiques ont les mêmes qualités et défauts que les guides gastronomiques : ils permettent à l’amateur de s’initier à l’achat de crus directement auprès du vigneron (ou d’un négociant) ; ils permettent également de sélectionner quelques adresses intéressantes de visiter dans une région que l’on ne connaît pas ou peu et permettent d’éviter les vins médiocres, voire totalement ratés. En revanche, ces guides sont partiels et partiaux ; partiels parce qu’il est matériellement impossible de publier un ouvrage reprenant tous les vignerons de France – en outre, certains ne souhaitent pas figurer dans un guide, soit par conviction, soit parce que cela a un certain coût – partiaux, parce que parmi l’ensemble des vins reçus, les auteurs de ces guides sélectionnent les heureux élus en fonction de la philosophie rédactionnelle du guide, en fonction des préférences personnelles des auteurs, voire même en fonction d’impératifs commerciaux, certains guides étant plus ou moins liés à des revues consacrées au vin, des revues qui, pour pouvoir exister, diffusent de la publicité.

Malgré tous ces défauts, les guides œnologiques ont leur utilité, pour autant qu’on garde en mémoire, que ce n’est pas la « bible du vin et des vignerons », que même pour les plus soucieux d’impartialité, ils font appel à des comités d’experts et sont donc forcément suggestifs et, enfin, qu’il est toujours possible de trouver un bon vigneron qui ne figure dans aucun ouvrage de référence. Après les pots, les fleurs : ces guides, en fonction de leur prestige auprès du public et de l’importance des tirages, constituent un extraordinaire encouragement pour le vigneron qui, pour la première fois, s’y retrouve. A  ce propos, je me souviens d’une anecdote personnelle qui illustre bien ce propos. Il y a déjà pas mal d’années, en juillet, j’étais  en Provence, dans les dentelles de Montmirail, à la recherche de ce vin superbe qu’est le muscat de Beaumes-de-Venise. On m’avait renseigné un ou deux bons vignerons dont les propriétés étaient perdues dans le massif montagneux. La route était difficile – elle a été refaite depuis – et je ne roule pas en 4×4. Aussi, arrivé à une fourche, j’ai pris la branche de gauche, plus praticable, me retrouvant ainsi, au bout de la route, au domaine de Durban ; Durban… à présent commercialisé à Bruxelles par les meilleurs Maisons. Cette année là, quant la propriétaire des lieux nous a fait déguster ce superbe muscat, elle nous a montré fièrement le diplôme que venait de décrocher le domaine de Durban et délivré par le guide Hachette : c’était l’entrée de Durban dans le monde des guides. Et la propriétaire de Durban n’arrivait toujours pas à réaliser que son vin y entrait par la grande porte en décrochant un « coup de cœur ».

Présentation de quelques guides

JOHNSON HUGH & DUIKER HUBRECHT

Guide atlas des vignobles de France

Editions Robert Laffont – 1988

Année utilisée : 2009 Titre actuel : Guide des Vins du Monde entier

Abréviation utilisée : VM

C’est le premier guide que j’ai utilisé, lors d’un séjour dans le beaujolais. Il m’a permis de découvrir Michel TÊTE, vigneron à Juliénas et déjà titulaire, il y a près de vingt ans, de nombreuses médailles de Macon et autres concours professionnels. Il ignorait sa présence dans ce guide. Ce « beau livre », richement illustré, décrit les vignobles sous tous ces aspects et fournis une cartes IGN permettant de repérer un certain nombre de parcelles et de propriétés. Ce guide donne également un aperçu touristique de la région et présente, par localités, une sélection d’hôtels, de restaurants (classés en trois catégorie de prix) et, bien entendu, une sélection de vignerons avec, parfois, un court commentaire.

La mise à jour de cet ouvrage se fait à présent grâce à la publication annuel d’un guide de  petit format reprenant non seulement les vins français, mais également ceux du « monde ». Les vignerons sélectionnés sont, le plus souvent, repris par appellations.

La section des vins de France comprend deux parties : l’ensemble des vignobles (hors bordelais) et le vignoble du bordelais en seconde partie.

MONTALBETTI CATHERINE

Direction de l’ouvrage

Editions Hachette – 2009

[Editions utilisée jusqu’à la dégustation consacrée aux vins du Sud-Ouest : 2005

Abréviation utilisée : H

Ce guide est parfois comparer au guide Michelin des hôtels & restaurants.

Il présente un importante palette de vignerons (avec, souvent, plusieurs crus par vigneron). La sélection se fait, à l’aveugle bien sûr, au niveau régional par un jury composé de vignerons et de professionnels de l’œnologie. Il est, de ce fait, considéré comme le plus impartial des guides. Il est très facile à utiliser, facile à lire et, outre tous les renseignement permettant de contacter les vignerons, fournis des avis souvent assez détaillés à propos des vignerons et de leurs vins. Ce guide est souvent utilisé comme référence par les grandes surfaces.

BETTANE &DESSEAUVE

Le Grand guide des vins de France

Editions Minerva – 2008

Abréviation utilisée : B&D

L’un des derniers venus dans le monde des guides. Ses auteurs sont « Chroniqueurs œnologiques » pour la revue Vins de France.

Outre certains vignerons « incontournables » par leur compétence exceptionnelle,  l’ouvrage présente et commente souvent des vignerons non sélectionnés par la concurrence. Les commentaires sont très détaillés, à la fois sur le domaine et sur chaque vin présenté. Bien que d’assez grand format, ce guide est très agréable à consulter, tant par la clarté de la mise en page que par la qualité du papier utilisé.

VANBERG PIERRE

Guide des vins

Editions Fleurus – 2007

Abréviation utilisée : Fl

Ce guide comprend deux parties : les commentaires détaillés des vins sélectionnés, suivis, en seconde partie, d’un commentaire sur les vignerons et les domaines non seulement des vins sélectionnés, mais également de domaines dont aucun vins ne sont présentés.

La recherche est facile, mais le lecture, de par la typographie utilisée, est très pénible. De plus, certains mentions sont imprimées en « jaune verdâtre », ce qui rend ces mentions presque invisibles.

DUSSERT-GERBER

Guide des vins de France – 2007

Editions Albin Michel

Abréviation utilisée : D-G

L’auteur de ce guide dirige également la revue œnologique « Millésimes ».

Souvent, dans ces commentaires à propos d’un vigneron ou de l’un de ces vins, l’auteur laisse parfois transparaître ses préférences. Les commentaires peuvent même être assez « piquants », surtout dans les commentaires relatifs au dernier millésime, face à certaines pratiques qui sévissent encore dans le monde vinicole.

Le choix des domaines est très sélectif ; les vignerons sont classés par localités.

PARKER ROBERT

Guide Parker des vins de France

Editions Solar – 2001

Il existe également une édition consacrée uniquement aux vins de Bordeaux

Abréviation utilisée : Pk

Considéré par d’aucun comme la « bible » de l’œnologie, ce guide porte bien la griffe « anglo-saxonne » : une importance prépondérante du vignoble bordelais (le  « chou-chou » des anglo-saxons) et une conception très élitiste de l’œnologie. Entrer dans le « Parker » est probablement, encore aujourd’hui, la consécration d’un grand talent et de beaucoup de travail, même si l’importance de ce guide a quelque peu diminué face à la concurrence.

La mise en page, les commentaires souvent très détaillés, parfois millésime par millésime, des vins et des domaines, le papier utilisé et la finition de l’ouvrage contribue à en faire un livre de référence, un livre de « spécialiste ». Tous les vignerons ne sont pas commentés : beaucoup sont simplement mentionnés dans des listes classant les vignerons par niveau de qualité… mais être simplement cité dans le « Parker » est déjà un « must ».

Collectif

Encyclopédie touristique des vins de France

Hachette – 1994

Abréviation utilisée : ET

Cet ouvrage, abondamment illustré, propose de nombreux articles sur les métiers et l’histoire de la viticulture et de la vinification. Pour chaque région vinicole, il présente les caractéristiques géographiques qui conditionnent la vigne et les cépages utilisés. Il détaille également plusieurs circuits, de village en village, permettant de découvrir « touristiquement » et « oenologiquement » chaque vignoble de France. Outre les monuments et les curiosités à ne pas manquer, il mentionne, par village, une sélection de vignerons que les auteurs considèrent comme particulièrement soucieux de produire des vins de qualités.

L’ouvrage est très agréable à consulter, même sans chercher une information particulière et s’apparente plus aux livres à ranger avec respect dans sa bibliothèque qu’au guide pratique à emporter en voyage.